Sin limites, l’expédition qui changea le monde

16/11/2023 | Analyses d'Elkano AM

« Sin Límites » (sans limites) est le titre espagnol de la série d’aventure consacrée à l’expédition Magellan-Elkano sortie en 2022. Alvaro Morte, révélé au monde entier par le rôle d’El Professor dans la célèbre série Casa de Papel, y incarne le personnage central de Juan Sebastian Elkano. La série, que vous pouvez retrouver sur Amazon Prime, raconte le voyage de près de trois ans qui permit à la fois la découverte du détroit de Magellan mais aussi de réaliser la première traversée du Pacifique.

Magellan mourût au cours du voyage (aux Philippines) et c’est Juan Sebastian Elkano qui ramena à bon port la trentaine de survivants sur le seul des cinq bateaux qui prirent part à l’expédition, ce qui fit de lui le premier homme à réaliser le tour du monde. C’était en 1522 et un peu plus de 500 ans plus tard nous lançons Elkano global Fund, baptisé ainsi en honneur de l’illustre navigateur basque, avec deux caractéristiques que nous souhaiterions reproduire à notre bien plus modeste échelle : la volonté d’explorer le monde et celle de ramener nos clients à bon port.

Certes les tempêtes que nous allons affronter seront bien moins violentes et risquées que celles subies par les navigateurs du XVIème siècle mais nous avons le sentiment de lancer notre fonds à un moment où les marchés financiers s’apparentent à de nouvelles Terras Incognitas et présentent un certain nombre de ruptures majeures sur lesquelles nous allons revenir dans cette chronique.

Le passage d’une surabondance d’épargne à une plus grande rareté

La plus importante d’entre elle est le passage d’une surabondance d’épargne à une plus grande rareté. Après la crise de 2008, nous avons assisté à une disparition d’une partie de la demande finale du fait de la diminution de la consommation causée par l’éclatement de la bulle immobilière. Les politiques d’austérité qui s’en sont suivies aux USA (sous Obama), au Royaume-Uni et en Europe ont également contraint la demande avec la Chine qui initiait au même moment sa propre bulle immobilière, faisant figure d’exception.

La persistance des taux faibles et négatifs a permis le financement de projets aléatoires

L’atonie de la demande et l’absence totale de besoin d’investissement ont débouché sur une nouveauté économique : les taux d’intérêts négatifs (y compris à long terme). Il est nécessaire de rappeler que les taux d’intérêt ne sont pas seulement une construction des banques centrales mais sont aussi un prix d’équilibre entre l’offre d’épargne et la demande d’investissement. Cette nouveauté économique a permis de financer à hauteur de plusieurs dizaines de milliards d’euros des sociétés comme Uber ou Wework qui, même s’ils sont devenus leaders sur leurs marchés, ne sont toujours pas rentables ou viennent même de déposer le bilan pour la dernière citée.

Le Covid a accéléré la fin de l’excès d’épargne

Cependant, il était inéluctable, ne serait-ce que du fait de la croissance démographique, que les capacités de production excédentaires héritées de l’explosion de la bulle immobilière de 2008 se résorbent progressivement. La pandémie a eu un effet d’accélérateur sur cette évolution et ce de deux manières :

  • D’une part, en consommant sans produire pendant de longs mois, les économies mondiales ont détruit une partie significative de l’épargne accumulée. L’épargne supplémentaire des ménages n’est que le reflet de la désépargne plus importante des états à travers les déficits.
  • D’autre part, en remettant au gout du jour les déficits budgétaires, le Covid a renvoyé aux oubliettes les tenants de l’orthodoxie budgétaire et a permis une stimulation de la demande.

Une décennie structurellement plus inflationniste nous attend

Les conséquences de cette rupture ne se sont pas fait attendre :

  • Retour en force d’un phénomène que l’on croyait oublié : l’inflation
  • Remontée brutale des taux nominaux et réels de près de 4%
  • D’un point de vue plus technique, apparition d’une corrélation positive entre le prix des obligations et celui des actions (à la hausse comme à la baisse).

Si l’on ajoute à cela l’investissement nécessaire pour assurer la transition énergétique, on conçoit clairement que la période de surabondance d’épargne est derrière nous et qu’une décennie d’inflation et de taux d’intérêts structurellement plus élevés nous attend.

Tous les marchés ne se sont pas encore ajustés

Tout d’abord les valorisations de tous les actifs doivent tenir compte de la remontée des taux à dix ans. Ce taux dit « sans risque » (qui était plutôt un risque sans taux il y a encore peu de temps) est un déterminant majeur de la valorisation des actifs risqués. Or, il est paradoxal de voir que les marchés obligataires cotés se sont ajustés rapidement alors que d’autres marchés (actions grandes capitalisations, immobilier, non coté) semblent avoir plus de mal à accepter la nouvelle réalité et considèrent qu’il ne s’agit que d’une fièvre provisoire.

Les modèles de gestion diversifiée doivent évoluer

La construction de portefeuille diversifiés doit également s’adapter à l’évolution des corrélations entre actifs que l’on constate dans les régimes inflationnistes : l’équilibre actions / obligations qui nous a fidèlement accompagnés pendant 20 ans doit évoluer et s’ouvrir à de nouveaux actifs comme le cash ou l’or pour être en mesure de construire des allocations robustes.

Les leaders ne seront probablement plus les mêmes

Enfin, les leaders vont évoluer. Comme nous avons pu l’évoquer dans les chroniques précédentes, la Chine et les valeurs technologiques vont laisser la place à de nouveaux venus probablement liés à l’énergie ou aux mobilités non carbonées ou peut-être même à des secteurs que nous n’avons pas encore détectés. Les horizons vont se raccourcir avec la hausse des taux d’intérêts et de l’inflation. Les valeurs values et les petites capitalisations risquent également d’en bénéficier après une décennie perdue.

Elkano Global Fund largue les amarres

En conclusion, nous larguons les amarres d’Elkano Global Fund en étant pleinement conscients des défis qui nous attendent. La bonne nouvelle pour les investisseurs est que la rémunération de l’épargne, y compris en tenant compte de l’inflation, devrait être plus substantielle qu’au cours de la décennie précédente. Il n’y aura plus besoin de faire d’acrobaties compliquées mais simplement d’investir de façon diversifiée et raisonnable. Nous tacherons de nous y employer pour ramener nos clients à bon port.

Et si jamais vous souhaitez découvrir le trailer de la série, c’est ici :

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